jeudi 10 avril 2008

Raid Oberland (J5)

Le raid qui devait faire une dernière escale au refuge Hollandia, situé au bout du bout du glacier du Grosser Aletsch, sera sagement écourté de 2 jours. Les prévisions résolument pessimistes, les kilos de neige accumulés ces derniers jours, ainsi qu'une visibilité aux abonnés absents nous font nous résigner à rejoindre la Jungfraujoch, notre point de départ.

Une préparation la veille de l'itinéraire, dont nous n'espérons pas voir grand chose, sera le gage de notre retour à bon port. Et en effet, la désagréable sensation de vertige ne nous quittera pas de la journée. Ni haut ni bas, ni droite ni gauche, montée ou descendte ? Impossible à dire... c'est le vide absolu. Jour Blanc. La nausée, ou presque.

Photo de famille à l'entrée de la gare du Jungfrau. La suisse se prépare à accueillir l'Euro de foot, dans l'indifférence générale...

Quelques kilomètres de rails plus tard, une fois traversé l'Eiger et revenu à des altitudes plus douces, changement total d'univers : du soleil, de la chaleur, des touristes, de partout, en terrasse. Une impression de sports d'Hivers. Nous décidons alors d'en profiter jusqu'au bout, et plutôt que de redescendre en train à Lauterbrunnen, nous finirons skis aux pieds ! Du moins tant que la neige nous le permet... Emportés dans notre euphorie de dévaller le prestigieux domaine skiable de Wengen, nous loupons la bifurque devant nous ramener à bon port. Trop bas ! L'idée de remettre les peaux pour remonter le surplus de mètres descendus ne nous emballe pas. En bon latins que nous sommes, nous tentons la fraude à skis. Autant dire un crime en Suisse ! Le préposé finira par être compréhensif, et nous laissera remonter à l'oeil. Ouf... Ce petit voyage imprévu nous permettra d'explorer encore plus le domaine, et de savourer jusqu'au dernières courbes les charmes helvétiques...

mercredi 9 avril 2008

Raid Oberland (J4)


Un départ prometteur, tout en ombre chinoise. Ciel bleu éphémère, on savoure.

Le mauvais temps revient au col du Grünhorn. Une descente tip top sur de la neige velours, avant de se séparer en deux groupes. Stef, Véro et Francis rejoignent directement Konkordiaplatz. Nous filons avec Eric et Franck en direction du Grünegghorn. Peine perdue une fois de plus : visibilité zéro et vents violents. Franchissement d'un col acrobatique, et descente débacle le nez dans d'improbables traces de montée. Merci au GPS et à la Boussole, car c'est à l'aveugle total que nous louvoyons entre les crevasses et séracs. Le coeur se désserre en rejoignant Konkordiaplatz, gigantesque point de convergence de 5 glaciers. Hommage à la place homonyme parisienne.


refuge Konkordia : quelque chose comme 300 marches et 150m de dénivelées. Merci le recul glaciaire !

mardi 8 avril 2008

Raid Oberland (J3)

Journée de transition. On a déjà oublié le Finsteraarhorn, trop chargé, trop incertain... En revanche, on occupe la journée en montant au Wyssnollen, joli belvédère, du moins de ce que l'on peut en voir.

lundi 7 avril 2008

Raid Oberland (J2)

Après une nuit calamiteuse généralisée à près de 3700m (les dolipranes n'y feront rien), c'est dans la tempête et le brouillard le plus total que nous quittons le refuge du Mönch. A se demander quelles directions prendre, et de se jeter en pleine pente avec une confiance aveugle (c'est le cas de le dire) dans les instruments électroniques.


L'arrivée sur le glacier nous sort heureusement de la crasse, les murs s'écartent, l'horizon s'élargit... Cinémascope. Bon dieu c'est immense ! Un peu paumé dans ces grands espaces.


Un Col à franchir à près de 4000m et 2 glaciers à traverser pour rejoindre le refuge Finsteraarhorn. Une paille... Deux cordées déjà engagées dans les pentes terminales du col font finalement demi-tour. Décidément... Apparemment trop crevés et pas en confiance. Mais ils nous rassurent sur la stabilité du manteau. Pas trop le choix quoi qu'il en soit : le refuge est de l'autre côté. Des conversions un peu sévère finissent de nous décider à ranger les skis sur le sac. Les 50 derniers mètres, cocktails de neige sans cohésion sur rochers lisses vaut son pesant d'adrénaline. Accueilli au col par des vents déchainés, je suis projeté le nez dans la neige, obligé de tenir le sac pourtant bien lourd pour qu'il ne soit pas emporté. L'équipe me rejoint, tous sonnés par cette furia. On tente comme on peut de s'abriter, le temps de recouvrir nos esprits.

descente toute en finesse (pour certains), et creusement de terriers (pour d'autres).

Un gros shuss avant d'amorcer la ligne droite de Longchamps. Charmes de l'Oberland que ces glaciers desespérement plats. Deux bonnes heures encore avant d'apercevoir le refuge.

Fantaisie suisse ? les "Hüttes" sont systématiquement perchées. Phénomène déroutant : Chaque descente s'achève ainsi inévitablement par une remontée. Grrrrr !

dimanche 6 avril 2008

Raid Oberland (J1)

Projet concocté par Franck, cette boucle de 7 jours dans le lointain massif de l'Oberland se déroule essentiellement au dessus de 3000m. Un périple de longue haleine, de refuges en "hüttes", avec dans l'idée de cueillir quelques 4000 au passage. Peine perdue, nous n'en ramènerons qu'un : le Mönch. Et encore, les derniers mètres tempétueux et cornichés se refuseront à nous. Car c'est bien là le principal adversaire de ce raid, qui ne nous laissera que peu de répit : la météo ! Peu importe, l'Oberland, c'est l'Alaska au coeur des Alpes. Une démesure glaciaire, un grand désert blanc, et des conditions pour le moins... rudes !


"Top of Europe" : la Suisse s'enorgueillit auprès de qui veut bien l'entendre qu'elle a la gare la plus haute d'Europe. C'est affiché partout, placardé, proclamé, déclamé. Certes, bon... Amusant au demeurant, mais anecdotique comparé à la dramaturgie que propose celle de l'aiguille du Midi, autrement plus haute et acrobatique. Là c'est un train, au tracé certes incroyablement audacieux, mais ça reste un train, qui débouche sur un plateau... glaciaire. Bref, nous voilà donc arrivés, vers 3400m. Le temps de déposer les sacs au refuge du Mönch, à 3600, et nous filons fraichement acclimatés (c'est à dire pas du tout) pour le sommet 400m plus haut, déjà balayé par les vents.

Nous croisons un guide et son client qui abandonnent la trace 100m sous le sommet. Après quelques hésitations, nous décidons de continuer avec Franck sur cette crête décidemment bien chargée. Ca brasse à mi-cuisse. Ce que je crois être les derniers mètres nous amènent finalement au pied d'une ultime corniche, raisonnablement infranchissable. Demi-tour, on jette l'éponge.