AIGUILLE DU MIDI - éperon Frendo (3842m)

L'aiguille du Midi à pieds. Avec Franck, on voulait être élégant jusqu'au bout pour gravir la belle. Rejoindre le refuge du plan de l'aiguille tranquillement le vendredi, histoire de s'imprégner des lieux en douceur, mais aussi pour préparer le corps et l'esprit. Car il y a toujours un petit fond d'angoisse sur ce type de course, un léger doute qui plane, discret mais tenace. 1600m de rochers, neige et glace nous attendent le lendemain. D'imaginer qu'Edouard Frendo traça cet itinéraire plein de culot en 1941 laisse rêveur. Sera t'on à la hauteur ?

décollage tambour battant à 3h40. Remontée d'un cône d'avalanche très pénible, puis la première rampe neigeuse nous amène dans le vif du sujet : l'éperon rocheux. L'escalade déroule, sur du bon granit, mais souvent athlétique. Deux passages plus coriaces demanderont de s'employer, pour venir à bout des fissures et rateaux de chèvre typiquement chamoniard.

Dernières longueurs rocheuses, avant de rejoindre le fabuleux ourlet de neige. 7h d'efforts derrière nous, quasi autant devant nous pour remonter les 400 derniers mètres de neige et glace !

Très rapidement, à mesure que la pente se raidit, la neige laisse place à la glace. La progression s'en ressent. On se retrouve à tirer des longueurs. Francs tireurs jusqu'au bout, on choisit la sortie de droite, délaissée au profit de celle de gauche par les autres cordées.

Franck entame une longue traversée pour contourner le rognon rocheux. Lignes de fuite abyssales.


Dernières pentes et éphémère apparition du soleil. La neige reprend le dessus, on file corde tendue. 13h30 de bataille et c'est dans le brouillard complet que l'on sort sur l'arête neigeuse de l'Aiguille du Midi. Il est 17h. Etat de grace.