dimanche 17 août 2014

BARRE DES ECRINS (4103m) - couloir de Barre Noire et couloir Coolidge

        Deux grandes courses d'alpinisme en 3 ans.... Et deux fois la Barre. Certes j'aurai attendu pour fouler ce sommet que j'admirais autant que je le craignais gamin. L'envie d'aller là haut proprement, en toute autonomie, sans aller plus vite que la musique. Il m'aura fallu attendre un paquet d'années pour concrétiser ce rêve : la traversée sud-nord en 2012, avec de superbes conditions. Une somme de circonstances me ramènent sur le même sommet, et avec le même compagnon de cordée que deux ans auparavant. Une nouvelle fois des conditions exceptionnelles, nous autorisant à jouer des pointes avant en plein mois d'août, déjà bien avancé ! Surement fallait il remonter aux années 80 pour envisager de telles courses de neige en cette saison.
2014 n'aura pas briller par la quantité certes, mais assurément par la qualité !

Pré de madame Carles, samedi, 11h. 1300m de dénivelées et une longue bambée à avaler pour rallier le refuge Caron. Un temps au beau fixe, frais, nous permet de monter tranquillement et sereinement. Au fond, les prémices du cirque du glacier noir, fermé par la face sud de la Barre et le Coolidge.
 Replat sous le refuge du glacier blanc, et l'Ailefroide... massive, et fraichement saupoudrée.
 Moraine du glacier blanc, le refuge est encore loin, et les sacs trop lourds !
 Enfin, le refuge tant mérité. Une après midi tranquille, à récupérer, faire semblant de s'acclimater, et glandouiller. De quoi s'imprégner de l'itinéraire on ne peut plus évident et surtracé, même si nous n'en emprunterons qu'une (très) courte partie.
 4h du matin : chenille processionnaire de frontales....
Conditions tip top top dans le couloir de Barre noire, en neige couic couic. 300m à 50°, avec un premier tiers à la frontale. Damien se régale, moi aussi, sagement derrière...
 6/7 cordées motivées pour l'itinéraire la veille au soir au refuge, mystérieusement disparues de la circulation au moment d'attaquer le couloir. Une seule finira par apparaître au bas du couloir alors que nous en sortons... 
 
Plus que 5 mètres
 
 lever de soleil sur Roche Faurio
 Sortie du couloir et apparition magitrale... La Barre, sous un angle assez inhabituel
 Une traversée horizontale nous ramène un court moment sur l'autoroute principale, entre deux wagons d'alpinistes. En bas, le glacier blanc... tout blanc !
 Nationale 7
 Crevasses et séracs
 Axe secondaire, les choses se corsent : je reprends la trace dans une neige encore cartonnée/poudreuse nous avalant jusqu'aux genoux.
 Damien faisant son malin sur la photo précédente, je lui offre gracieusement l'ouverture intégrale du couloir coolidge, non tracé contrairement à son voisin le Whymper (moins direct et donc moins esthétique)
 Rimaye acrobatiquement franchie, le voilà qui trace une longueur de 50m sans un foutu point de protection à l'horizon. Seb moyennement content au moment de lacher sa sangle d'amarrage auquel il s'était accroché comme une bernique à son rocher.
 Pentes au soleil mais presque plus austères que dans Barre Noire. Raideur et neige plus capricieuse. A noter les petites fourmis au sommet sur l'arête. On aimerait vite être à leur place...
 Le moral remonte en flèche à mesure que mon esquimau préféré creuse la banquise, protégeant habilement notre progression. Je compterai jusqu'à 3 points entre nous. C'est Byzance !! A nouveau des badauds sur le fil, juste au dessus.
 Pèche aux phoques ? non point de protection en pente raide...
 Le sommet, toujours aussi étroit, toujours aussi panoramique. Damien savoure (ou récupère peut être..?)
 Déballage de faces nord : Pic sans Nom, Coup de Sabre, Ailefroide... Le Coolidge passerait presque inaperçu devant !
 Chat perché ! maintenant qu'on est là haut, il faut redescendre. Et là c'est pas fini : un cheminement fil du rasoir en conditions mixtes. Sens de la priorité et du croisement fortement requis.
 2300m plus bas, le Pré de Madame Carles : des possibilités de retour direct à étudier !
 Fauteuil pour deux
 nos traces de sortie
 Damien fait le malin (bis)
 2 heures plus tard, jonction avec le glacier blanc, et presque le plancher des vaches. Le couloir de Barre Noire, de jour et de profil. Un bel itinéraire.
 "Un élan de glace vers le ciel" disait Gaston. Quand en plus elle se pare de sa tenue de soirée...
 8h du matin : 80km/h de vent en altitude, course du lendemain annulée. Si l'on prend les choses du bon côté, ça permet une descente au calme, à peu près reposé, et avec des couleurs lumineuses.
 le refuge, sur son promontoire
 Jaws : les dents de la mer.... à la montagne !
retour à la civilisation

4 commentaires:

Portfolio jerem a dit…

Good job !
Et merci pour ces belles photos pleines de neige, ça remonte le moral :)

Jeremy ( depuis Bavella ...)

Bixente a dit…

Les photos sont plus belles les unes que les autres. 50°, cela fait flipper !
Un texto de Mme sur la dernière ? ;-p

sébastien a dit…

Merci Jerem pour le post from corsica !!
merci Bix pour le tien, tu as tapé dans le mille ; - )

Anonyme a dit…

Bonjour, merci pour ces magnifiques photos, avec un commentaire "savoureux". Cela me rappelle bien des souvenirs, traversée Est-Ouest de la Barre en 1990. Pas tout à fait votre route, on avait pris l´arête plus à gauche par un froid de canard, et seulement une poignée de noisettes entre le refuge et le sommet (trop froid pour s´arrêter)! Et des endroits "super-gazeux", sans oublier l´autre face, encore dans la nuit, et qui envoyait un souffle glacial. Comme vous le dites si bien, une fois au sommet, faut redescendre ... et on croyait les misères finies. Ben non, faut croiser ceux qui montent, parfois à quatre pattes! A la fin de la journée, en cheminant vers le refuge du Glacier Blanc, et on l´impression de revenir d´une autre planète, et on croit avoir rêvé ;-)
Et 25 ans plus tard, les souvenirs sont encore grandioses. Vos images sont splendides, de mon côté, pas d´appareil digital en 1990 et un appareil qui n´appréciait guère le froid ... je referais bien cette course. Tout comme la traversée du Pelvoux ou le Doigt de Dieu.

Meilleures salutations "alpinistiques",
Jacquie