la Barre c'est un projet de gosse, peut être parce qu'elle reste le premier 4000 aperçu et approché lors des vacances en montagne de mon enfance. Peut être aussi parce que, clin d'oeil familial, elle a été gravie par mes deux grands-pères, à deux époques certes différentes, mais donnant une empreinte d'autant particulière à cette acension. Et puis cette Barre, elle a de la gueule. Surtout côté glacier blanc, où elle se présente, dixit le grand Gaston, comme "un élan de glace vers le ciel". Côté Berarde, celui de notre ascension, elle se révèle plus massive, plus lourde, et plus rocheuse. Mais la traversée, loin de la surfréquentation de l'itinéraire menant au plus accessible Dôme des Ecrins, permet une belle aventure depuis le refuge temple-écrins. 1600m d'ascension tout de même, pour rebasculer ensuite sur le versant glacier blanc, avant de rejoindre la Bérarde par le col des Ecrins. Une grosse bambée, mais accompagnée d'un temps exceptionnel et de conditions idéales.
le fond du Vénéon, fermé par le cirque de la Pilatte, et les Bans
arrivée au refuge temple-écrins, la face sud de la Barre
Réveil 2h du mat', départ 2h40, et une approche menée tambour-battant (2h30 au lieu des 3h30 annoncées) nous oblige à poireauter 45mn le cul dans la neige. De quoi compléter la nuit bien courte, avant de reprendre le chemin de la paroi aux premières lueurs du jour. Ci-dessus, le flambeaux des écrins (le bien nommé) s'embrase
Après la mauvaise surprise d'une première longueur recouverte d'une pellicule de glace de 2 cm, nous devons ouvrir une variante rocheuse quelques mètres sur la droite. A froid, les doigts à la limite de l'onglée, les sensations sont mitigées... Damien enquille la deuxième longueur, encore moins rassurante que la première : exposition et engagement. Heureusement, la suite s'adoucit, et la soleil, enfin, chauffe le rocher !
Simon et Agnès, nos compagnons d'armes. Nous quatre, seuls dans la face
magnifique longueur précédant la jonction avec les pentes de neige du dernier tiers de la paroi. Grosse ambiance !
Damien devant le Coolidge, et en arrière plan, la chaine des Ailefroides
changement de terrain et attaque des raides pentes de sortie
la corniche sommitale enfin en vue
12h30 : Damien sort sur l'arête sommitale
Chevauchée aérienne jusqu'à la croix
descente précautionneuse sur les pentes fuyantes des versants sud et nord. Au bout, le Dôme de neige.
A l'approche de la brêche Lory
un rappel et quelques enjambées plus tard, on attaque la descente chaotique entre crevasses et séracs
c'est un peu la banquise là dedans, tellement les séracs font penser à des icebergs...
18h30 : la longue descente "sérieuse" du col des écrins avalée, c'est l'interminable vallon de Bonnepierre qu'il faut enquiller jusqu'à la Bérarde, que nous rejoindrons 1h plus tard.... rinçés !